S’il y a un groupe qui a une putain de pêche, c’est bien Stuck Mojo ! Et ce, aussi bien sur disque que sur scène ! Ce quatuor de rap-métal (puisqu’il faut bien qualifier leur musique même si c’est mieux de l’écouter) direct in your face from Atlanta, Georgia est composé de Rich Ward à la gratte, Corey Lowery à la basse, Bud Fontserré à la batterie et Bonz à la voix. C’est ce dernier que nous avons rencontré récemment à l’occasion de la sortie du nouvel album « Rising ». En voilà un qui a plein de bonnes choses à raconter !

    SDZ - Pourquoi avoir arrêté d’utiliser le personnage déjà présent sur les 3 précédentes pochettes ? Quel est le symbole de la pochette du nouvel album « Rising » ?
Stuck Mojo (Bonz) - On voulait que le gars qui a conçu ce personnage en dessine un nouveau mais on ne voulait pas le mettre sur la pochette. Lui voulait absolument illustrer la pochette et pas uniquement l’intérieur du livret. On a donc choisi autre chose. Dans notre nouvelle vidéo qu’on a tourné avec des gens de la fédération de catch, on incarne une équipe de catcheurs. On a rencontré des catcheurs connus, on est vraiment fans de ce sport. On essaie ainsi de se rapprocher de nos propres fans à un autre niveau. Ce que je veux dire, c’est que les gens issus de la classe ouvrière regardent le catch, les courses Nascar. On est un peu leur groupe. On reste fidèle à notre attitude, on est très souvent sur scène, on vit réellement sur la route. Ce thème du catch est donc plus ou moins une réflexion sur le fait d’être à fond dans ce qu’on fait, d’être les meilleurs tout comme n’importe qui qui voudrait être le numéro un dans le monde. Et c’est d’ailleurs ce que nous sommes.

    En Europe, le catch est un sport moins connu qu’aux Etats-Unis. Vous n’avez pas peur que les gens confondent cette ceinture de catcheur avec une ceinture de boxeur ?
C’est la même chose sauf que pour la boxe, ils mettent des gants et ils se tapent dessus : c’est vachement plus réel que le catch. Les catcheurs se prennent aussi quelques coups mais c’est plus du spectacle. Le catch, c’est un peu un soap-opéra télé pour les mecs. On s’en fout parce qu’en fait, y’a pas mal de catcheurs européens reconnus aux USA. Ca n’est pas vraiment connu en Europe uniquement parce que commercialement parlant, ca n’a pas le même intérêt qu’aux USA, c’est la seule raison. 
    En référence au discours que l’on entend au début de « Crooked Figurehead » (ndr : titre ouvrant le nouvel album), que penses-tu des récents ennuis de Clinton (sur le fait qu’il aurait eu des relations sexuelles avec telle et/ou telle femme) ?
Le problème n’est pas qu’on s’attache à ce qu’il a fait. C’est notre leader mais c’est un menteur. Nous le savons tous. Le rapport avec « Crooked Figurehead », c’est qu’il n’a jamais eu de plate-forme électorale, il a Tipper Gore de son côté. C’est la première à avoir mis des stickers Parental Advisory sur les CDs. Il voulait être réélu grâce à MTV, il voulait les jeunes, les a manipulés et a de nouveau gagné. En résumé, ce qu’on veut dire, c’est « eh mec, t’es pas un bon président parce que toutes tes affaires sont étalées dans la rue. Et c’est pas cool vis-à-vis du reste du monde qui va te considérer comme un faible leader. Tu ne maîtrises ni les femmes avec qui tu as eu des relations ni ce qu’on dit de toi dans la presse, tu es le leader du pays le plus puissant du monde et tu ne contrôles rien, t ‘es vraiment un faible ! ! ».
    Sur le EP « Violated », vous avez repris « Sweet Leaf » de Black Sabbath.
    Vous êtes fans de ce groupe ?
Il y a un magazine aux Etats-Unis qui s’appelle Metal Maniacs. Une fois, on a partagé la couverture avec Black Sabbath. Notre guitariste adore la période d’Ozzy avec Randy Rhoads, pas moi. Mais Ozzy a été une influence pour moi en tant que frontman, c’est juste sa présence, l’aura qu’il dégage. C’est LE mec ! Qu’il soit rapide, gay, vieux, jeune…tout le monde l’aime. Il a toujours été fidèle à sa musique, n’a jamais changé. Il a toujours été honnête dans ce qu’il a fait, les interviews par exemple.
Pour moi, Black Sabbath est exactement ce qu’un groupe de rock devrait être. C’est grâce au public qu’ils ont marché. Leurs titres ne sont pas très violents, bourrins. Leur succès, ils le doivent au public.
    Quelles sont les influences de Stuck Mojo ?
Mes influences musicales ? J’ai 30 ans, je suis vieux ! J’ai grandi en écoutant des trucs comme Grandmaster Flash ou Rick James. Je ne pensais vraiment pas que j’en serai là un jour en commençant la musique : j’ai en effet débuté en apprenant des instruments à vent. Prenons mon guitariste. Lui écoute des trucs comme Sabbath, Maiden, Led Zeppelin, ZZ Top, Allman Brothers. Mon bassiste écoute plus Mötley Crüe (ndr : tiens, ils existent encore ceux-là !), pas Poison mais des choses comme Twisted Sister. Mon batteur écoute Rush, Pink Floyd, des groupes plus basés sur la technique comme Dream Theater aussi. On a vraiment beaucoup d’influences différentes qui se mélangent.
    En 1996, vous avez participé à la tournée Crossover 2000 (ndr : avec My Own Victim, Power Of Expression, Merauder et Slapshot). Ca a constitué une bonne expérience pour vous ?
Il y avait des styles de musique totalement différents : du HC, du death, le rap-core de My Own Victim … et puis nous. C’était intéressant, chaque soir, de voir les réactions du public face à cette diversité. On s'est vraiment bien marré.
On a tourné un peu avec Moonspell et Samael récemment : et bien il y avait vraiment du monde tous les soirs bien que les trois groupes soient musicalement différents.
    Quelle différence vois-tu entre le public européen et américain ?
Les européens viennent à un concert pour en voir la totalité. Ce que j’aime chez eux, c’est qu’ils viennent pour s’éclater, pour passer un bon moment. Aux Etats-Unis, personne ne s’intéresse aux premières parties ; les gens viennent voir uniquement le ou les groupes qu’ils connaissent, ils se foutent des autres groupes qui jouent le même soir.
    Parles-nous de la scène locale d’Atlanta.
Seven Dust, par exemple, est un tout nouveau groupe qui vient d’Atlanta. Le seul problème en ce moment, c’est que les clubs ferment. Il n’y a plus d’endroit où l’on peut voir des groupes. Et ça, c’est la conséquence des jeux Olympiques ! Juste avant, la ville a été « nettoyée ». Les autorités ont obligé certains clubs à fermer. Il y en a un à côté de chez moi qui va justement être fermé. Et après, ils se demandent pourquoi les jeunes d’aujourd’hui sont violents et se rebellent. C’est parce qu’ils n’ont plus aucun endroit où aller pour s’éclater ! Les clubs sont transférés dans les coins pourris de la ville et les parents ne veulent pas trop que leurs gosses aillent y trainer. On a joué récemment dans un club à Omaha dans le Nebraska et plus jamais je n’y remettrai les pieds. C’était dans le pire quartier de la ville. Les flics ont interrompu le show à cause d’une méga-baston qui avait lieu à l’extérieur. Tout le monde dit que ça craint à New York et à Los Angeles mais à Omaha, c’était carrément pire ! Le gouvernement des Etats-Unis tente de tuer la musique heavy mais ça ne se passera pas comme ça !
    Que penses-tu du fait qu’aux Etats-Unis, on peut avoir un flingue légalement alors que certains shows sont interdits aux moins de 21 ans ?
C’est vraiment n’importe quoi. On essaie de ne pas jouer dans les clubs interdits aux moins de 21 ans, on n’est pas d’accord avec ce système ! On s’est fait piégé quelques fois : les mecs nous disaient que c’était « all ages » (ndr : pour tous âges) puis on se pointait et c’était interdit aux moins de 18 ou 21 ans. Sur la dernière tournée qu’on a faite avec Skinlab pendant 6 semaines et demi aux Etats-Unis, on a annulé deux shows dans un endoit minuscule interdit aux moins de 21 ans. Pourquoi cet endroit était-il petit ? Parce que c’était un bar ! On n’est pas un groupe fait pour jouer dans les bars, on veut faire un vrai show qui ait de la pêche ! On veut jouer pour nos fans de tous âges, où que ce soit, on en a besoin ! Ce sont eux qui achètent nos disques, qui écoutent notre musique. Sans eux, ce n’est pas la même chose !
Un jour ou l’autre de toute façon, le métal cartonnera à nouveau. L’alternatif et la pop, ce sera fini ! Le métal est devenu l’ennemi de l’industrie du disque, je me demande pourquoi. Les émissions de télé comme Headbanger’s Ball ou encore Yo MTV Raps disparaissent. Ce qui reste, c’est plat, c’est formaté, c’est ennuyeux. Il faut des trucs plus excitants. J’en ai marre de tous ces groupes qui se ressemblent, qui sonnent pareil. La diversité et la variété disparaissent de l’industrie du disque et ça pue vraiment !

Avec d’autres groupes, on veut vraiment redonner ses lettres de noblesse au métal. (ndr : c’est vrai que c’est pas avec des blaireaux comme Manowar que ça va s’améliorer…)
    Des projets ?
On revient tourner en Europe pendant 4 semaines et demi à partir du mois de mai. On jouera aussi dans des festivals. On n’est pas revenu en France depuis le Crossover 2000 parce que les groupes avec qui on tournait ne voulaient pas y venir.
    Vous allez rejouer au festival de Dour (ndr : petite bourgade de Belgique où se déroule chaque année un festival aussi intéressant qu’éclectique pendant 3 jours et demi) ?
Non, je ne pense pas. On était sur la scène HC l’année dernière et le HC et le métal, c’est pas vraiment pareil. Les groupes qui jouaient sur cette scène (ndr : 59 Times The Pain, Brightside, 25 Ta Life, Snapcase, No Fun At All, Ryker’s etc.) et leurs fans étaient pour la plupart dans le trip straight-edge. Je n’ai rien contre ça mais c’est un truc que je ne pige vraiment pas. Moi, je fume des joints et c’est mon droit. On a tourné avec des groupes de hardcore comme Madball, Sick Of It All, Merauder et la communauté HC mous accepte tels que nous sommes. Mais le jour où on a joué à Dour, certains des mecs straight-edge étaient assis pendant notre show et attendaient qu’on se casse. Ils nous trouvaient « différents ». Inutile de discuter avec eux, ça ne mène à rien ! Mais bon, si on est invité, on aimerait quand même bien rejouer à Dour. 

Voilà une interview menée dans la joie et la bonne humeur avec un gars bien sympa ! Bien malheureusement, Stuck Mojo ne passera même pas par la France pour promouvoir son nouvel album ! C’est surtout la faute d’un tourneur qui ferait mieux de se racheter une mappemonde. Pour apprécier la qualité de leurs prestations scéniques, vous pourrez toujours vous rendre à un des festivals suivants : le 4 juillet au Mind Over Matter Festival à Graz (Autriche), le 10 au Beach Bum Festival à Jesolo (Italie), le 11 au Dr. Music Festival en Espagne, le 12 au With Full Force Festival à Zwickau (Allemagne).


Stuck Mojo est aussi présent sur le web à de nombreuses adresses :
http://www.centurymedia.com ; http://www.stuckmojo.com
http://webpages.marshall.edu/~paden2/mojo/ ; http://jahnke.net/stuckmojo/ etc.

MetalPsycho remercie le fanzine SDZ (Laurent et Nicolas) qui nous ont prêté cette interview. On vous conseille d'ailleurs de retrouver la version électronique du même zine à l'adresse suivante : http://www.geocities.com/SunsetStrip/Lounge/3701/french.html
ainsi que l'excellent site Runkpocker’s Homepage sur http://www.geocities.com/Paris/2513/.